Pardonnez-moi, Saint-Père. À cause du chocolat, j’ai péché dans mes pensées, et surtout dans mes actes, et j’ai commis un péché de commission pour démarrer. Ce n’est pas ma faute; ce n’est pas ma faute, mais la faute la plus cruelle de Suchard, Kohler, Leonidas, Hershey & Cadbury et Godiva qui, de leurs tours diaboliques, nous harcèlent sans cesse.

Pardonnez-moi, Père, car j’ai parfois une «gueule de bois au chocolat». Comme le vin, il y a quelques grands crus parmi ces graines, sélectionnés et rôtis à la perfection par des maîtres de leur art, qui ne m’ont jamais trompé. Je compte tellement sur eux et ils n’oseraient pas me priver de mon plaisir.

Puis-je vous rappeler, Père, que l’érudit Linné a appelé le cacao Theobroma Cacao, la nourriture des Dieux? C’est peut-être un peu exagéré mais j’imagine qu’il aimait plutôt le chocolat.

Le travail pense, la paresse songe

Au lieu d’une pénitence, que diriez-vous de me décerner une «médaille de chocolat» comme je vais l’admettre aux 7 péchés cardinaux célestes?

Prenez la paresse, par exemple, dont les vertus sont universellement reconnues. Vous avez juste à choisir votre propre variante. « Le travail pense, la paresse songe » dit Jules Renard. Oh, ces beaux souvenirs d’enfance, de chocolat chaud de grand-mère et de tante Artémise, qui me donneraient une barre de mon chocolat préféré!

Certains hommes sages ont prétendu que la colère est une folie temporaire », a écrit Sénèque. Un couple nouvellement marié, lié à mes cousins, sans doute désireux de surprendre leurs familles est passé de l’état de tourtereaux à des dragons fulminants quand leur célèbre dessert une charlotte au chocolat a refusé de quitter son moule. Nous étions un peu loin de la cuisine mais nous pouvions entendre leurs cris. Soudainement, le bol s’est brisé en morceaux. Nous nous sommes rapidement retirés à une distance plus sûre, car il était évident que l’objet de tant de luxure allait dans la poubelle, accompagné de quelque chose de très éloigné de la langue amoureuse que les tourtereaux chérissaient normalement.

De Sade a dit: «Je ne connais rien qui me chatouille le ventre et la tête de façon plus exquise que les saveurs de ces délicieuses délicatesses qui traversent le cerveau, le préparant aux sensations de la luxure. Le marquis de Sade avait été au chocolat, comme peut-être il s’était arrangé à l’avance. À l’époque, Madame du Barry, la favorite un peu impétueuse de Louis XV, avait l’habitude de peiner ses amants surmenés avec des tasses de chocolat – fouetté furieusement, inutile de le dire!

N’étant pas l’enfant que nous étions, l’adulte que nous sommes maintenant, souvent commis le péché de la fierté? Comme le personnage du roman de Roald Dahl, Charlie et la chocolaterie « Regardez! » s’écria M. Wonka qui rebondissait de haut en bas. Avec sa canne à pommeau d’or, il a dessiné une grande rivière brune. « C’est du chocolat. Chaque goutte de cette rivière est du chocolat fondu le meilleur chocolat que du chocolat, mais assez pour remplir chaque bain du pays!

« L’envie est une fureur qui ne peut souffrir le bien des autres, » a déclaré La Rochefoucauld. Pas besoin de donner des exemples ou de raconter des histoires. Vous et moi, nous nous souvenons, n’est-ce pas, de cet œuf de Pâques en chocolat de la taille d’un oeuf d’autruche que ton petit frère a déballé par rapport à la tienne, qui est de la taille d’un oeuf de caille?

Quand la gourmandise se tourne vers l’avarice, Molière n’est jamais loin. Rappelez-vous Harpagon qui a rempli sa petite poitrine de pièces de chocolat, mais pas les assiettes de ses invités.  « Maître Jacques, combien serons-nous ce soir? » Harpagon: « Nous serons huit ou dix, mais nous n’en avons besoin que de huit. Quand il y en a assez pour huit, il y en a toujours pour dix. »

Ensuite, il y a Saint Augustin: « Seigneur, qui a mangé sans dépasser le strict nécessaire? » Ce prêtre latin pensait sans doute au péché de gourmandise. Mais, père, si l’homme cupide creuse sa propre tombe avec ses dents, que peut faire un libertin? De toute façon, quand la cupidité est partagée, cela ne profite-t-il pas grandement au bonheur conjugal?

De plus, vous pourriez m’absoudre de tous mes péchés avec la bénédiction de Brillat-Savarin, qui a dit, « Que tout homme qui trouve le temps traînant et l’atmosphère humide s’auto-administre une bonne pinte de chocolat … Surtout si elle a le plaisir exquis supplémentaire de la liqueur et l’odeur de la vanille!

Je pense, Père, que lors de leur prochain Concile, les Cardinaux devraient considérer sérieusement, de ne pas abolir le péché de gourmandise, ce serait trop, mais plutôt donner une dispense à leurs troupeaux à se repentir lorsqu’ils apprécient ce qui est, après tout, la nourriture des dieux.

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